HORIZONS : Quel après pour l’événementiel ?

 

 

Alors que le secteur événementiel est durement frappé par la crise sanitaire actuelle et que les mesures de confinement forcent à se mettre sur pause, comment rebondir, s’adapter voire se réinventer ? Entretien le Directeur de Centre France Événements, Grégoire Cusinberche qui se veut résolument optimiste et saisit l’opportunité qui se présente pour  réinventer les rendez-vous avec les publics.

Après les reports et les annulations, place à la digitalisation événementielle

 

Dès le 16 mars, nous avons travaillé immédiatement au report d’événements sur le deuxième semestre, ce qui nous confronte à d’autres événements majeurs sur la période. Quant aux manifestations que nous ne pouvions reporter, nous avons rapidement décidé de créer des événements digitalisés pour favoriser l’échange et maintenir le lien avec nos publics. Il était en effet important de pouvoir tenir nos engagements auprès des partenaires et clients en apportant des idées concrètes et répondre aux attentes business tout en donnant du sens à nos actions. 

 

“En somme, une période inédite et donc favorable pour se (re)poser les bonnes questions : A qui s’adresse-t on ? Quels services doit-on proposer ? quels sont les besoins ? Quelle(s) solution(s) pour préserver la capacité de nos clients à développer leur business ? sachant que certains exposants peuvent réaliser jusqu’à 40 voire 50% de leur chiffre d’affaire sur certains salons”, nous explique Grégoire Cusinberche. 

 

 

Début juin, le salon de l’Habitat de Clermont-Ferrand s’adapte à la situation exceptionnelle et devient virtuel

 

Après la mise en place de tournois sportifs en mars (Centre France Gaming Tour) et d’un radio crochet virtuels en avril, le salon de l’habitat émerge en digital dès ce mois de Juin.

Chaque année depuis 28 ans, le Salon de l’Habitat de Clermont-Ferrand rassemble plus de 300 exposants et 42 000 visiteurs. Cette année, l’événement aura bien lieu du 4 au 6 juin et sera “full digital” . Côté visiteurs, il suffira de se connecter sur le site https://www.salonhabitat-clermont.fr/  et de s’identifier pour accéder à la liste des exposants dont les conseillers seront présents en chat ou en visio aux horaires d’ouverture. Un concept rendu possible grâce à l’utilisation de la plateforme 3D@Home qui permet jusqu’à 600 connexions simultanées et une capacité de 80 à 100 stands simultanés.

 

Côté exposants, l’objectif est de pouvoir présenter un savoir-faire et de qualifier des contacts. Ce type d’événement dématérialisé a déjà fait ses preuves, puisqu’on constate sur d’autres événements similaires une fréquentation qui peut être multipliée par 3 .  “Nos partenaires, et notamment la  LCA FFB ont répondu extrêmement favorablement à l’initiative. Aujourd’hui déjà plus d’une trentaine d’exposants ont souhaité basculer sur ce nouveau concept et nous estimons qu’un tiers des exposants qui étaient prévus sur l’événement physique seront présents. C’est une expérience intéressante à mener pour tester de nouveaux formats. Les retours seront mesurés grâce à des tableaux de bord proposés par la plateforme avec des indicateurs de fréquentation, de suivi et d’engagement des visiteurs avec les exposants” conclut Grégoire Cusinberche à l’origine de la mise en place du concept.

 

 

Tester des formats hybrides, capter de nouveaux publics et s’affranchir des contraintes géographiques

 

Demain nous testerons beaucoup plus de “formats hybrides” couplant physique et digital.  Cela permettra de s’affranchir des contraintes (logistique, mobilité) mais aussi de renforcer la proximité en allant à la rencontre d’autres types de publics notamment dans les territoires ruraux. 

 

Le virtuel ne remplacera jamais le contact et la rencontre, mais on pressent bien qu’il existe une réelle opportunité d’engager des publics que nous n’atteignons pas. [Les grandes enseignes se plaignent aujourd’hui que les clients utilisent les points de vente comme “show room” puis achètent sur internet.. ] On imagine très bien développer notre utilité et se positionner en intermédiation commerciale via des marketplaces : une réflexion est déjà en cours avec Winameety, une application pour tester et noter les vins et développer une autre forme de proximité avec nos clients tout au long de l’année.

 

Le digital a instauré l’hyper choix et la banalisation des discours mais le “phygital” (Physique+ digital) est une réelle opportunité pour les annonceurs d’être présent tout au long de l’année et d’avoir une approche plus ROIste ; Ce sont des modèles intéressants.

 

 

Une crise  inédite qui pourrait devenir le catalyseur de rééquilibrages et nous oblige à anticiper les tendances sociétales

 

Cette période est un catalyseur de toutes nos économies et on voit d’ailleurs le désarroi des personnes qui se sentent exclues de la société. De nouveaux sujets ont émergé depuis le début de la crise sanitaire autour des nouvelles solidarités (santé, éducation, soins des aînés) qui vont prendre une toute autre résonance à l’avenir. 

Il sera essentiel que les événements aillent à la rencontre des publics plutôt que l’inverse.On peut alors imaginer la création de plus petits formats,très serviciels, mobiles (et  parfois éphémères ?) dans  une vraie logique de circuit court.

 

Nous devons redonner du sens, promettre de vivre de nouvelles expériences de proximité sans jamais perdre de vue que nos événements sont pérennes seulement grâce à l’engagement des participants. Notre impératif : anticiper suffisamment les tendances marché et sociétales pour donner du sens, de l’utilité, du plaisir et in fine optimiser durablement nos business.

 

NOUS CONTACTER